"Le conformisme est une attitude de soumission passive aux normes et valeurs du groupe. Il s’agit d’un trait commun à tous les primates, créatures vulnérables dont la survie individuelle passe par celle du clan. Tout comme les singes, les humains apprennent en imitant leurs semblables.

Même s’il favorise la cohésion sociale, le désir d’appartenance au groupe ou, ce qui revient au même, la crainte d’en être rejeté, a un revers : le mimétisme stupide.


À petite échelle, dans les rapports interpersonnels, l’instinct grégaire se manifeste de diverses manières : la soumission aux  modes et conventions sociales,  la rectitude politique, le snobisme même dans sa version anticonformiste, l’autocensure par crainte du qu’en-dira-t-on,  le silence complice ou le rire complaisant devant la bêtise et la méchanceté...

Au plan des communautés et des peuples, les méfaits du conformisme vont de la sottise des chauvinismes sectaires (nous en connaissons quelque chose au Saguenay - Lac St-Jean !), aux horreurs du racisme, de l’intégrisme, des totalitarismes d’extrême-gauche comme d’extrême-droite et des génocides. Pas de guerres sans armées, ni d’armées sans conformisme. Pourquoi, croyez-vous, impose-t-on  aux soldats l’uniforme et la marche en cadence ?


Ce que Panurge savait exploiter des moutons, d’autres le réussissent admirablement avec les humains. Les manipulateurs, les démagogues et les despotes jouent sur le suivisme et la moutonnerie de ceux qu’ils veulent dominer.

Être conformiste, c’est se laisser tirer les ficelles par les autres…ce qui implique la mise en veilleuse de son autonomie et de son sens critique, le renoncement à soi, l’abdication de soi.

Croyez bien, même si je le critique,  que je ne m’en pense pas à l’abri car l’un des traits du conformisme, c’est d’agir à l’insu de ceux dont il règle le comportement. On ne sent pas le courant quand on se laisse entraîner par lui…d’ailleurs, suivre le courant, c’est tellement moins exigeant !"

Jean-Noël Ringuet