Ce processus d'adaptation, et surtout de publication en France, n'est pas aussi récent que l'on pourrait le croire en regardant les nouveautés (pour preuve, on a visiblement du Street Fighter chez Glénat.) Au passage, je n'évoquerai pas les manga Pokémon davantage adaptés de l'anime plutôt que des jeux, et qui ont été un flop commercial.

Ce qui est réellement en train de changer, c'est la visibilité qu'acquièrent ces titres. Si vous vous tenez un peu au courant de l'actualité manga ou si vous trainez dans des librairies, vous aurez certainement vu pas mal de publicité pour Tales of Symphonia ou Breath of Fire IV. Ce qui est d'autant plus étonnant que ce sont des RPG, genre spécifique qui ne cible pas le grand public.

A la différence des Zelda qui sont bien plus connus. Étranges Zelda qui apparaissent subitement en France et à la chaîne, alors que certains ont pourtant une petite dizaine d'années. En août 2009, le premier manga lancé a été la dixième meilleure vente en France (source : Livres Hebdo). La suite marche t-elle autant, ou bien est-ce l'effet du début ?

 
Zelda - Ocarina of Time. Un beau dessin qui donne envie -_- Paru au Japon en 2000. A côté Zelda - A link to the past. Édités en France chez Soleil.


Alors, qui ces manga vont-ils intéresser et pourquoi ?


1 : Ceux qui ont fait les jeux, qui ont bien sûr aimé, et qui veulent retrouver leurs petits héros en manga. Car qui dit fan dit consommateur. Mais la curiosité peut être aussi un bon moteur d'achat. On se demande forcément ce que le manga vaut à côté de son grand frère d'origine. 

2 : Ceux qui n'ont pas fait les jeux, mais qui en ont entendu parler. Du coup, eux aussi veulent connaître la saga.
Si vous me permettez une petite digression :prof:, ça me fait un peu penser à quelqu'un que je connaissais, qui se disait fan de FF VII alors qu'il n'y avait pas du tout joué, juste vu Advent Children et regardé les cinématiques sur Youtube.

3 : Les SuperOtak' qui ont une collection de 10 000 volumes pour que les PauvresOtak' bavent devant ;) Même si le manga sera lu des mois après (ou pas). C'est dur d'être otaku, il faut tout posséder pour prouver aux autres et à soi-même que notre PASSION est aussi fraîche et pûre que la culotte de Tohru :/ :pastaper:


J'ai été assez surprise de voir débarquer récemment, dans les librairies, le 1er tome du RPG Breath of Fire IV sorti sur Playstation (et paru en 2008 au Japon).
J'ai d'ailleurs eu la faiblesse de l'acheter, par nostalgie, car c'est un jeu que j'avais beaucoup aimé. Les dessins de Hitoshi Ichimura sont très beaux, même si les visages des personnages sont plus ou moins remodelés. Fou-lu est en tout cas magnifique, comme dans le jeu :groupie:
L'histoire est assez fidèle, même si bien sûr l'intrigue avance plus rapidement. Ce qui est parfois préjudiciable pour le côté mystérieux. Je pense notamment à la relation entre Ryu et Fou-lu (non il n'y a pas de boy's love dans BOF :D). Dans le jeu on s'interroge, on fait des hypothèses, alors que dans le manga c'est clair dès les premières pages...


Mais l'adaptation qui m'a vraiment surprise, c'est celle concernant l'avocat le plus connu de la DS. Je dirais même WTF.



Bon et sinon, concrètement ?

Personnellement, je trouve que ces adaptations n'apportent rien ou pas grand chose de plus au jeu vidéo. L'histoire n'est pas prenante, les héros sont impersonnels. Ce n'est pas une surprise, on ne retrouve pas le plaisir du jeu. Mais comment l'ambiance d'un jeu (formée par des graphismes, par des musiques...bref par un tout) pourrait-elle être retransmise sur un format papier ?
Premier point : le manga me semble être un support inadapté pour raconter de telles aventures. L'épique se perd. Le format OAV me semble un peu plus intéressant, car plus vivant et dynamique.

Second point : quand on a fait le jeu, quel est l'intérêt de relire une histoire que l'on connaît déjà ? Certes, on peut l'avoir en partie oubliée. Mais tout de même. On lit le tout avec peu d'engouement non ? Ces manga, souvent, ne contiennent rien d'original, rien de différent. On nous ressert ce que l'on connaît déjà dans une faible variante.
Que m'importe de lire le parcours de Link ? Alors que de petites histoires quotidiennes pleines d'humour ou de romantisme (pourquoi pas ?) apporteraient un vrai plus.
Un Link qui fait des combats, des donjons, une quête, ce sera forcément mieux en jeu. Alors autant chercher un moyen de se démarquer et d'innover. Au lieu de faire bêtement un copier-coller.

Petit détail : ça ne vous agace pas, vous, quand un héros qui a l'habitude de rester muet se met subitement à parler dans le manga ? Alors oui, un Link ou un Ryu qui ne parlerait pas aurait l'air d'un autiste, mais peut-être qu'on se mettrait davantage dans la peau du joueur.


Pour conclure, les manga adaptés de jeux vidéo me paraissent trop souvent placés sous le signe de la médiocrité. Peu passionnants pour qui a joué, trivial pour qui ne connaît pas.
Sans étonnement, la démarche semble davantage commerciale que qualitative.