Lors de mon DUT métiers du livre, spécialisation bibliothèque, nous avions différentes aspirations.
Il y avait les Joyeux-Optimistes qui voulaient travailler en BM (Bibliothèque Municipale, celles où Georgette se rend tous les mercredis pour emprunter un Higgins Clark ou un Marc Lévy) ; et les Timides-Sérieux qui voulaient se faire une place en BU (Bibliothèque Universitaire, celles où des étudiants désoeuvrés vont bosser quelques jours avant les partiels).

Pourquoi les Optimistes (largement plus nombreux) avaient-ils une prédilection pour les BM ?
Eh bien parce qu'ils avaient envie d'évoluer dans un univers agréable rempli de livres, de vidéos, de documents sonores. La volonté de se rendre utile en proposant aux usagers les meilleurs services possibles. Gérer un espace au mieux pour le rendre attrayant et favoriser la lecture (la "démocratisation culturelle", comme on dit.)
Mais surtout pour avoir la possibilité d'échanger avec les gens en les aidant, en les conseillant. Bref, de concilier son métier avec l'amour du livre, ou au moins avec l'intérêt poussé que nous autres "bibliothécaires" avons la plupart du temps pour la lecture.


Avouons le, les bibliothèques municipales constituent un cadre de travail très agréable.
Les principaux points négatifs sont les horaires qui peuvent s'apparenter à ceux des commerçants, selon la taille de la structure (travail fréquent le samedi, fermetures à 19h), et le salaire comme je vous l'avais déjà dit. On attend des gens qu'ils soient formés et expérimentés mais on les nourrira cependant avec une bouchée de pain.
En BM comme ailleurs, il y a aussi beaucoup d'usagers agaçants, et je pense que n'importe qui ayant déjà travaillé dans ce secteur (ou dans la vente) aura beaucoup d'anecdotes assez drôles :)
Le pire, ce sont les "pseudo-racailles" qui viennent foutre le bordel. Le dialogue avec eux est souvent très difficile, ils n'écoutent rien et se braquent tout de suite en proférant des insultes.

Ce genre d'incident est plus rare dans les bibliothèques universitaires, et les Sérieux l'ont bien compris. L'ambiance est généralement plus calme et plus studieuse.
Qui plus est, les personnes qui n'ont pas envie de préparer des animations seront davantage tentées par les BU, plus orientées recherche, enrichissement des fonds documentaires et conservation des collections.


Les études terminées, le chômage se pointe, et c'est parfois la panique.
Comme on peut s'y attendre, les parisiens sont les plus favorisés pour trouver un emploi puisqu'il y a bien plus d'offres qu'ailleurs. Actuellement en Haute-Normandie (et dans mon secteur de recherche), je trouve une offre qui me correspond en moyenne une fois tous les deux mois. Ne parlons pas des CAE de merde (Contrat d'Accompagnement à l'Emploi) et autres CUI (Contrat Unique d'Insertion) auxquels je ne peux prétendre et qui retirent encore des possibilités d'embauche.

Alors forcément au bout d'un moment, on regarde aussi les offres qui ont un rapport avec notre formation, ou en ont l'air. De ce qu'on voulait faire, du lieu où l'on se voyait évoluer, on se retrouve souvent dans un autre contexte, une déviation légitimisée par notre diplôme.
Bien sûr, ce n'est pas une critique négative de ma part, juste un constat doux-amer :)
De ma promo, peu font ce qu'ils envisageaient.
On passe de libraire à vendeur de jouets, d'assistant d'édition on travaille au final dans une BU, et de bibliothécaire je suis devenue...catalogueuse !

Et là vous vous imaginez peut-être que je contribue à mettre en place les catalogues type La Redoute ou Les 3 suisses (oups, pas de pub).

En fait, non. J'ai toujours du mal à expliquer ma situation professionnelle -_- Par écrit, ce devrait être plus simple.
Concrètement, je travaille pour le compte d'un musée. Quand je dis ça, les gens ont presque des étoiles dans les yeux et un soupir d'admiration en imaginant sans doute un local à la Indiana Jones. Mais je m'empresse de les détromper aussitôt, car mon job, et le lieu où je bosse, n'ont absolument rien d'exotique.


En tant que catalogueuse, je fais du catalogage. Cool.
Vous n'êtes pas sans savoir que pour permettre aux gens d'emprunter un livre, il doit exister une fiche informatique de celui-ci. Bon. Ma tâche à moi, grosso modo, est de créer cette fiche, bouquin à la main, en respectant des règles spécifiques. Apprenez que dans le monde du catalogage, notre sacro-sainte bible s'appelle "La norme". Cet affreux gros livre(s) qui liste toutes les obligations formelles à respecter.

Mais à mon boulot on est des rebelles. On a nos propres règles, parfois assez étranges. Et puis souvent, quand on n'a pas d'indication, on fait comme ça nous plaît. Ceci dit c'est plus simple.

Je suis donc entourée de vieux bouquins (des manuels), et je dois faire une trentaine de fiches par jour (des "notices", comme on dit dans le jargon). Si je suis régulière et que je propose à mon entreprise une productivité stable, j'aurais une belle prime.
Une belle prime de 35 euros par mois, LOOL.
Et encore, brut ! Ceci dit, mon salaire est pour une fois un peu plus élevé que le SMIC donc ça pourrait être pire.
Pour rappel, le SMIC est d'environ 1300 euros brut. Et c'est ce qu'on vous offre très généralement en bibliothèque si vous n'avez pas de concours. Mais pour ce prix là il faut quand même un diplôme et de l'expérience.

A ce propos, j'ai envie de vous raconter une petite anecdote.
Sachez d'abord que même si je travaille dans les locaux et pour le compte d'un musée, je suis employée par une entreprise qui n'a rien à voir, et fait en l'occurrence de la sous-traitance.
Donc les gens que je croise chaque jour (hormis ma voisine qui fait le même taf), ne sont pas vraiment mes collègues, puisqu'eux appartiennent bien au musée et pas moi. Mon entreprise est elle répartie dans les 4 coins de la France.
Mon anecdote, donc. Ce mois-ci en découvrant mon bulletin de salaire, une autre fiche de paye s'était glissée dans mon enveloppe. Celle d'un homme, cadre (un CDI) que bien sûr je ne connais absolument pas. Bon. Mais combien ce cadre peut-il gagner ?
Je vous laisse imaginer ?
Le salaire brut de ce monsieur est en fait de 7 000 euros. A cela ajoutez 5 000 euros de primes. C'est beau hein. Moi ça me fait rêver. Même si sur le moment j'étais quand même dégoutée avec ma prime pitoyable de 30 euros.

Mon travail est répétitif et pas très intéressant, mais extrêmement tranquille. Pas de stress le matin, pas de chef relou puisque je bosse sur un autre site qu'eux, à 400km, et de super horaires. Qui plus est, j'ai eu la chance de n'avoir que des collègues très sympathiques. Et il vaut mieux bien s'entendre, dans le cagibi que nous partageons étroitement ;) Le seul bémol : le temps de trajet, puisque j'ai environ 3heures par jour. Mais mes horaires font que c'est très supportable.


Malheureusement, tout a une fin, et surtout mon contrat. Pas de prolongement ni de CDI possibles puisque la mission se termine bientôt.
Fin mai je serai donc redevenue chercheur à Pôle Emploi !
Au début je serai contente mais après je vais me faire chieeeeer.
Alors j'accepte tous vos pistons, LOL.


AMIS CHÔMEURS, COURAGE !

Ah ah